(*): les noms politiquement sensibles ont ete intentionellement mal orthographıes pour contourner les logiciels de filtrage installes dans tous les cybers cafes de Van et qui nous ont deja joue pas mal de tours...
Suite de nos aventures touristico-rocambolesques dans le kurdistan turc. Au menu ce soir: toujours plus de dolmuş, un Tigre qui ronronne paisiblement dans son lit et un groupe de freedom fighters en claquettes.
Immobilises a Diyarbakır une journee de plus en raison d'une feria intestinale (Mad) et d'un concert de cuivres cerebral (Ben) dont la simultaneite fut probablement un signe que le sort a decide de ne pas trop nous retarder dans notre parcours, nous avons finalement repris la route Mardi pour nous rendre d'abord a Batman ou nous avons change de minibus direction le sud, le long de la route qui longe le Tigre, avant de nous arreter a Hasankeyf, un village de 3000 ames dont la principale attraction est une forteresse en ruine du 15 eme siecle perchee au dessus d'un promontoire rocheux qui domine les vertigineuses gorges que le Tigre a creuse de ce cote-ci de son lit. Comme la Cappadoce mais en plus reduit, Hasankeyf est aussi connu pour ses habitations creusees dans la roche.
La-bas, le soleil ne plaisante pas (comme dirait Goldman). Arrives a midi, nous avons eu la brillante idee d'aller crapahuter dans les ruines directement apres manger. Au bout d'une heure, nous avions fini nos 2 litres de reserve d'eau et malgre la vue epoustouflante sur la vallee de Tigre en contrebas, malgre les restes de l'ancienne petite mosquee perchee au sommet de la citadelle et de son cimetiere grele d'antiques pierres tombales a moitie defoncees, malgre la colline percee de toutes parts de grottes et de cavernes qui s'elevait un peu plus loin et nous faisait de l'oeil, nous avons du redescendre pour ne pas risquer une mort affreuse sous les innombrables blessures dessicantes que les vilains rayons ardents que le soleil n'arretait pas de darder sur nous ne manqueraient pas de nous infliger.
Arrives en bas, nous avons aperçu notre oasis: un petit promontoir betonne depuis lequel on pouvait se baigner dans le Tigre. On a donc rejoint les familles et surtout les enfants qui faisaient trempette, tout habille pour la plupart. A cet endroit, le Tigre est large mais ne depasse pas 50 cm de profondeur, parfait pour barboter sans se fatiguer.
Au bout d'une heure a se rafraichir les pieds dans le Tigre, un groupe d'hommes nous a invite a se rapprocher d'eux. C'etaient des ingenieurs de Türk Telecom a Batman venus passer une journee a la fraiche a Hasankeyf. Ils voulaient savoir d'ou on etait. Ils ne parlaient pas un mot d'anglais et ça tombait plutot bien car nous non plus ne parlions ni turc ni kurde. Ce qui ne nous a pas empeche d'apprendre a compter jusqu'a trois en kurde et, armes de ce solide bagage linguistique, de discuter a batons rompus pendant le reste de l'apres-midi, a grand renforts de gestes et de sourires. Nous avons parle de tout et de rien, des Turcs (des barbares cruels incivilises qui se servent de la laicite comme d'un pretexte pour imposer la culture turque), de l'armee (des barbares cruels incivilises qui sont les seuls vrais detenteurs du pouvoir en Turquie), de la situation des kurdes (opprimes, victimes d'executions sommaires et en deuil des 30,000 victimes de leur guerre contre l'etat turc), de Nicolas Sarkozy (a retenir: un petit "Sarkozy fasciste !" bien place ne manquera jamais de vous rendre sympathique aupres d'un kurde), de Mitterrand (que les kurdes ont l'air de kiffer - pourquoi ?), du Pékaka(*) et d'Otchalan(*) (la lutte armee desquels ils etaient d'ardents supporters), le tout sur fond de musique revolutionnaire kurde (a retenir: Şivan Perwer et Ahmet Kaya) que crachait le poste a cassettes de leur camionette, a l'ombre de laquelle ils nous ont invite a boire leur the, chauffe dans une marmite toute cabossee sur un rechaud a gaz de camping - un "guerilla çay", comme ils nous ont repete en plaisantant.
Il faut rendre ici un hommage particulier a notre mini dico bilingue Turc-Français achete a İstanbul et qui nous a ete d'une aide sans pareil pour echanger quelques mots avec nos nouveaux amis kurdes (ce dico est tellement surpuissant qu'il inclue le mot "thermosiphon").Apres une petite photo de groupe, ils sont repartis ensemble dans leur "guerilla camionnette", nous laissant retourner a notre chambre avec vue sur le Tigre (ambiance moustiques et croassements de grenouilles) mediter sur ce qui fut probablement la rencontre la plus interessante de nos 6 semaines de voyage.
Le lendemain nous avons mis les voiles pour le joyau du sud-est de la Turquie: le lac de Van. Aujourd'hui nous sommes a Van, a creuser les meninges pour trouver le moyen le plus sur de passer en Iran la semaine prochaine. Mais ça, c'est une autre histoire.
Immobilises a Diyarbakır une journee de plus en raison d'une feria intestinale (Mad) et d'un concert de cuivres cerebral (Ben) dont la simultaneite fut probablement un signe que le sort a decide de ne pas trop nous retarder dans notre parcours, nous avons finalement repris la route Mardi pour nous rendre d'abord a Batman ou nous avons change de minibus direction le sud, le long de la route qui longe le Tigre, avant de nous arreter a Hasankeyf, un village de 3000 ames dont la principale attraction est une forteresse en ruine du 15 eme siecle perchee au dessus d'un promontoire rocheux qui domine les vertigineuses gorges que le Tigre a creuse de ce cote-ci de son lit. Comme la Cappadoce mais en plus reduit, Hasankeyf est aussi connu pour ses habitations creusees dans la roche.
La-bas, le soleil ne plaisante pas (comme dirait Goldman). Arrives a midi, nous avons eu la brillante idee d'aller crapahuter dans les ruines directement apres manger. Au bout d'une heure, nous avions fini nos 2 litres de reserve d'eau et malgre la vue epoustouflante sur la vallee de Tigre en contrebas, malgre les restes de l'ancienne petite mosquee perchee au sommet de la citadelle et de son cimetiere grele d'antiques pierres tombales a moitie defoncees, malgre la colline percee de toutes parts de grottes et de cavernes qui s'elevait un peu plus loin et nous faisait de l'oeil, nous avons du redescendre pour ne pas risquer une mort affreuse sous les innombrables blessures dessicantes que les vilains rayons ardents que le soleil n'arretait pas de darder sur nous ne manqueraient pas de nous infliger.
Arrives en bas, nous avons aperçu notre oasis: un petit promontoir betonne depuis lequel on pouvait se baigner dans le Tigre. On a donc rejoint les familles et surtout les enfants qui faisaient trempette, tout habille pour la plupart. A cet endroit, le Tigre est large mais ne depasse pas 50 cm de profondeur, parfait pour barboter sans se fatiguer.
Au bout d'une heure a se rafraichir les pieds dans le Tigre, un groupe d'hommes nous a invite a se rapprocher d'eux. C'etaient des ingenieurs de Türk Telecom a Batman venus passer une journee a la fraiche a Hasankeyf. Ils voulaient savoir d'ou on etait. Ils ne parlaient pas un mot d'anglais et ça tombait plutot bien car nous non plus ne parlions ni turc ni kurde. Ce qui ne nous a pas empeche d'apprendre a compter jusqu'a trois en kurde et, armes de ce solide bagage linguistique, de discuter a batons rompus pendant le reste de l'apres-midi, a grand renforts de gestes et de sourires. Nous avons parle de tout et de rien, des Turcs (des barbares cruels incivilises qui se servent de la laicite comme d'un pretexte pour imposer la culture turque), de l'armee (des barbares cruels incivilises qui sont les seuls vrais detenteurs du pouvoir en Turquie), de la situation des kurdes (opprimes, victimes d'executions sommaires et en deuil des 30,000 victimes de leur guerre contre l'etat turc), de Nicolas Sarkozy (a retenir: un petit "Sarkozy fasciste !" bien place ne manquera jamais de vous rendre sympathique aupres d'un kurde), de Mitterrand (que les kurdes ont l'air de kiffer - pourquoi ?), du Pékaka(*) et d'Otchalan(*) (la lutte armee desquels ils etaient d'ardents supporters), le tout sur fond de musique revolutionnaire kurde (a retenir: Şivan Perwer et Ahmet Kaya) que crachait le poste a cassettes de leur camionette, a l'ombre de laquelle ils nous ont invite a boire leur the, chauffe dans une marmite toute cabossee sur un rechaud a gaz de camping - un "guerilla çay", comme ils nous ont repete en plaisantant.
Il faut rendre ici un hommage particulier a notre mini dico bilingue Turc-Français achete a İstanbul et qui nous a ete d'une aide sans pareil pour echanger quelques mots avec nos nouveaux amis kurdes (ce dico est tellement surpuissant qu'il inclue le mot "thermosiphon").Apres une petite photo de groupe, ils sont repartis ensemble dans leur "guerilla camionnette", nous laissant retourner a notre chambre avec vue sur le Tigre (ambiance moustiques et croassements de grenouilles) mediter sur ce qui fut probablement la rencontre la plus interessante de nos 6 semaines de voyage.
Le lendemain nous avons mis les voiles pour le joyau du sud-est de la Turquie: le lac de Van. Aujourd'hui nous sommes a Van, a creuser les meninges pour trouver le moyen le plus sur de passer en Iran la semaine prochaine. Mais ça, c'est une autre histoire.
Batman est en Turquie ? punaise, ramenez moi un autographe !
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